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Depuis 2019, l'Université de Lille (ALITHILA) et la Société Internationale Marguerite Duras organisent annuellement une journée d'étude.

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Journée d’étude annuelle Marguerite Duras

"Marguerite Duras et la culture populaire"

Vendredi 7 octobre 2022

Université de Lille (ALITHILA) 

Société internationale Marguerite-Duras

Université de Lille

Maison de la recherche

3 rue du Barreau 59653 Villeneuve d’Ascq

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     Gagner l’estime des élites intellectuelles et être lu par le plus grand nombre, rares sont les écrivains qui ont osé tenir ce pari sans s’y brûler les ailes. Si Marguerite Duras a longtemps souffert d’une réputation ambiguë, ce n’était pas sans lien avec cette ambition. Pourtant, dans le monde hypermédiatique qui est le nôtre, plus de 25 ans après la disparition de l’autrice, l’on peut se demander si elle n’a pas joué un rôle de précurseur, en assumant les influences populaires et en consentant à entrer de plain-pied dans la culture de masse, bâtissant au fil du temps un personnage public qui a, le succès croissant, fait grincer de plus en plus de dents.

    Faisant fi des bienséances prêtées au métier d’écrire, Duras a tenu chronique dans l’émission de télévision Dim dam dom dans les années 1960, s’est rendue dans des usines pour lire des poèmes d’Henri Michaux à des ouvriers, s’est plu à interroger des enfants sur toutes sortes de sujets, a pris part à de grands débats de société (l’affaire Villemin entre autres) : tout semble prétexte à briser les cloisons qui opposent traditionnellement culture d’élite et culture populaire. L’auteur d’Outside et de L’Été 80 n’a dénigré ni la presse à grand tirage, ni le cinéma, ni la télévision, ni la chanson populaire, ni même la publicité ; ses textes et ses films affichent une imprégnation par toutes sortes de genres considérés comme mineurs : le conte de fées, la bande dessinée, la littérature sentimentale, etc. Touche-à-tout, Duras faisait œuvre de tout matériau, à travers des supports de grande diffusion, qui ne correspondaient pourtant pas, à l’époque, aux prescrits de l’art noble qu’est la littérature. 

     Il ne faut dès lors pas s’étonner si sa personne et son œuvre sont, depuis une quarantaine d’années, le sujet de nombreuses récupérations dans la culture populaire. À l’instar de Rimbaud, Duras est devenue une icône : si le merchandising durassien n’est pas aussi développé que celui de l’auteur d’Une saison en enfer, le personnage n’en occupe pas moins une place de premier plan dans l’imaginaire populaire, du timbre-poste jusqu’à l’argument touristique au Vietnam et au Cambodge ; Duras est devenue une figure stéréotypée que les créateurs de tous ordres déclinent à l’envi, de plus en plus souvent sans en connaître l’origine (il suffit de songer au nombre incalculable de variations, dans tous les domaines, sur le titre Hiroshima mon amour). En plus de figurer comme personnage dans quelques livres ou films, Duras se voit consacrer des spectacles entiers (Le Duras Show de Steeve Dumais et Lucas Joly en 2011 ou, en 2018, Marguerite Duras d’Isabelle Gyselinx, sans compter les mises en scènes de ses entretiens, avec Mitterrand ou avec Platini en particulier). Les créations les plus diverses convoquent son univers, son image ou sa voix : le tag, le one-man-show, le dessin animé, la chanson… jusqu’au jeu vidéo (Bientôt l’été, 2013), fait rarissime pour un écrivain.

     La journée d’étude veillera par conséquent à explorer ces deux versants du rapport de Duras à la culture populaire, séparément ou conjointement, selon les études de cas proposées. Les communications pourront également proposer une visée plus théorique, en s’interrogeant sur la façon dont le personnage médiatique s’est bâti au fil du temps ou encore sur ce que la culture populaire représente dans cette œuvre : une source d’inspiration, une référence partagée, un filtre, etc.

Pour consulter le programme, téléchargez-le ci-dessous :

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Journée d’étude annuelle Marguerite Duras

"Duras féministe ? Lire et relire Duras aujourd'hui"

Vendredi 8 décembre 2023

Université de Lille (ALITHILA) - Maison de la recherche

Société internationale Marguerite-Duras

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         « Je ne suis pas “féministe”. Je ne crois pas au féminisme. Je crois que le seul féminisme valable, il n’est pas militant. C’est de laisser les femmes à elles-mêmes, libres », déclarait Marguerite Duras lors d’un entretien avec Susan D. Cohen en 1973. Pour autant, Marguerite Duras ne s’est pas tenue à l’écart de la lutte des femmes et de la pensée féministe qui animent le débat politique et social des années 1970. En témoignent les entretiens réalisés avec Xavière Gauthier en 1973, qui donneront lieu à la publication des Parleuses en 1974, mais aussi ceux accordés à Suzanne Horer en 1973 ou à Susan Husserl Kapit en 1975, ainsi que les textes qu’elle propose à Xavière Gauthier pour sa revue Sorcières, dont le titre lui est inspiré par la lecture de Michelet. On peut rappeler également qu’elle avait apposé son nom en 1971 au bas du « manifeste des 343 » qui réclamait la dépénalisation de l’avortement. 

        Au-delà de ce seul contexte historique et idéologique propre aux années 1970, qui donna lieu à la réalisation de son film Nathalie Granger, tourné en 1972 et publié en 1973, dont le titre initial était « Nathalie Granger ou la maison des femmes », Marguerite Duras s’est attachée dans nombre de ses œuvres à explorer « les territoires du féminin », selon le titre de l’essai de Marcelle Marini, et à écrire depuis ce lieu, « avec une grammaire au féminin » qui trouble le rapport des genres (Calle-Gruber, Dictionnaire Marguerite Duras, 2020).

        Le féminisme de Marguerite Duras ne va pas de soi, comme l’ont montré un certain nombre de travaux critiques (Blot-Labarrère, 1992 ; Ahlstedt, 2008), et comme l’a rappelé à plusieurs reprises Xavière Gauthier elle-même (1980, 2005). Les œuvres des années 1980 en brouillent encore davantage la lecture. Sans doute peut-on dire aussi avec Simona Crippa que par bien des aspects le féminisme de Duras « excède le féminisme » (Dictionnaire Marguerite Duras). Et cependant l’on ne peut dénier l’inscription de la figure de Duras dans une histoire du féminisme (comme en atteste par exemple sa présence dans le récent Dictionnaire des féministes publié en 2017), ou plus exactement des féminismes, qui court depuis le XVIIIe siècle jusqu’à la période post #MeToo où l’on voit revenir avec force les figures de « parleuses » et de sorcières (Piette, 2022). 

        Cette journée d’étude propose donc d’examiner quelle présence peuvent avoir le discours, la figure et l’œuvre de l’écrivaine au sein de la pensée contemporaine du féminisme et des débats qui l’accompagnent, mais aussi de mesurer les dialogues qui se nouent avec les écritures littéraires au féminin/du féminin d’aujourd’hui. 

       Différents axes d’étude pourront être envisagés, sans exclusivité :

 

  • Faut-il relire certaines œuvres de l’auteur par le prisme des questions féministes ?

  • Alors que la figure de Duras a occupé une place majeure dans les études anglo-américaines du French Feminism de la fin du XXe siècle au début des années 2000, sous l’impulsion notamment des Gender Studies, quelle place trouve-t-elle aujourd’hui dans ce que l’on dénomme la « troisième vague du féminisme » ? Le lien peut-il encore être celui d’une filiation ou appelle-t-il à une posture résolument critique ? 

  • Quelles relectures possibles du féminisme de Duras à l’aune des féminismes actuels ?

  • La question souvent approchée par Duras de la singularité d’une écriture au féminin (au cœur des débats des années 1970), ou d’une parole féminine, trouve-t-elle un écho auprès des écrivaines d’aujourd’hui ?

  • Certaines œuvres de la littérature contemporaine continuent-elles de s’inscrire, implicitement ou explicitement, dans une exploration des territoires « du féminin » ? 

Vous pouvez consulter le programme de la journée en cliquant sur la photo à droite : 

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